Article paru dans le numéro 56

Première classe et classe économique.

 Il en faut pour toutes les bourses !

 

Avoir le même objet qu’un grand de ce monde a toujours flatté l’ego du propriétaire.

Même quand celui-ci sait pertinemment qu’il n’a en sa possession qu’une pâle copie de l’objet de luxe convoité, il a l’impression, par cet artifice, de partager un peu la même existence que ceux dont il envie le sort. Si en plus il arrive à tromper et éblouir son égal, c’est une belle satisfaction personnelle. Seule l’apparence compte et l’estime de soi s’en trouve renforcée.

Les fabricants et vendeurs de couteaux n’ont pas laissé passer l’aubaine commerciale exploitant ce petit penchant bien humain et bien pardonnable.

Couteaux à secret à baïonnette et à aiguille

Grand couteau 18ème, à secret,  dit à « aiguille » à cause de l’aiguille fixée à la mitre amovible, laquelle aiguille coulisse dans la côte et verrouille, à travers un cavalier traversant la  platine, au cul du couteau,  le pivotement du manche (Collection du Musée de la coutellerie – Thiers).
Version moderne, non commercialisée mais correspondant sans doute à un prototype ou à un exercice de style que s’est imposé un coutelier anonyme, à partir de la fourniture d’un Pradel. Il faut tirer sur la mitre pour retirer l’aiguille de blocage d’ouverture. (Cf. J.J Perret – L’Art du Coutelier – 1771 – Planche XXXVI)

Par ailleurs, l’élévation constante du niveau de vie et le passage progressif d’une France rurale à une France urbaine et industrielle ont modifié considérablement les habitudes de consommation. Il a fallu proposer des produits susceptibles de couvrir les besoins d’acheteurs dont les moyens n’étaient pas toujours à la hauteur de leurs envies légitimes de consommation. La coutellerie est ainsi devenue une activité de masse produisant annuellement des millions de pièces[1], destinées tant au marché intérieur qu’à l’exportation. La nécessaire adaptation au marché amena la  fabrication de produits dont la qualité et le prix de revient étaient revus à la baisse. Parallèlement, une production de qualité était conservée pour une clientèle plus aisée. Les différents rapports de jury des expositions universelles du 19ème siècle constituent un reflet assez fidèle de l’état de la production des différents centres couteliers de cette époque. Dans le rapport[2] de l’exposition universelle de Londres (1862) on peut lire concernant Thiers : « Thiers ne fait pas d’articles fins. On y fabrique principalement des couteaux fermants, des ciseaux … le tout dans le genre demi-fin, ordinaire et commun… Les mérites spéciaux que le jury a constatés dans les produits de Thiers, sont ceux d’une bonne fabrication courante avec des prix de vente plus bas que partout ailleurs en France ».

Pour le bassin nogentais, le jugement du jury est le suivant : « Le département de la Haute-Marne produit tous les genres d’articles de la coutellerie fine, demi-fine et ordinaire. Ses ciseaux riches et ses couteaux de poche et de fantaisie sont les plus beaux que l’on fasse dans tout l’univers. »

Châtellerault, de la gauche vers la droite :
Manche en bois de cerf et mitres « coquilles »
Manche constitué de 2 coquilles embouties imitant les boursouflures du bois de cerf.
Manche corne avec insert laiton, mitres « coquilles ».
Manche nacre et mitres « coquilles ».

On va ainsi voir apparaître des couteaux du même type, voire de forme parfaitement identique mais de qualité, et de prix, sans comparaison possible. Ces fabrications vont satisfaire un large éventail d’acheteurs, conquérir de nouveaux marchés et notamment permettre l’exportation vers l’empire colonial en voie de constitution, processus largement entamé dès le 17ème siècle avec les couteaux de traite de Sheffield, de Saint-Etienne, de Thiers ou d’ailleurs.

A partir de la fin du 19ème siècle, les couteaux de belle qualité et présentant une bonne image auprès des acheteurs vont ainsi faire l’objet de déclinaisons nettement moins coûteuses.

 

De la version luxe à la version économique

Comment réduire les coûts ?

Les recettes sont connues et n’ont guère varié dans le temps.

Les processus de fabrication appliqués dans la coutellerie thiernoise avaient permis des gains de productivité importants. Ce vocabulaire n’avait pas cours à l’époque mais les couteliers thiernois avaient mis en œuvre une parcellisation du travail qui n’existait pratiquement pas dans les autres bassins couteliers. Bien avant le taylorisme triomphant[3] du début du 20ème siècle, l’éclatement du processus de fabrication en micro tâches avait permis un abaissement des coûts de production et une conquête de marchés de plus en plus larges. Si on y ajoute le fait que ces activités coutelières dispersées étaient, pour certaines,  exercées par des ouvriers à domicile peu regardants sur  leurs horaires de travail, ni sur ceux des membres de leur famille, enfants y compris, que par ailleurs l’activité coutelière ne constituait souvent qu’un complément à d’autres activités, de type agro-pastorales, on aura l’explication structurelle d’une production à faible coût … mais aussi de qualité moyenne, voire médiocre. La pratique du « treizain » (13 à la douzaine) était, il faut l’admettre, assez justifiée dans ces conditions, et d’ailleurs, non discutée.

Alpins (de haut en bas) :
Belle corne grise avec mitres massives et poinçon (Alfred Dumas - Obus).
Manche en coquilles épaisses sur platines (Sauzedde-Daiguebonne – Les 3 vertus théologales).
Manche en hêtre teinté et mitres massives.
Manche en coquilles minces. Fausses mitres laiton.

 Un changement considérable, cependant, va bouleverser la manière de produire des couteaux. Le 19ème siècle va permettre de passer progressivement d’une activité essentiellement manuelle à une activité où le machinisme va décupler les possibilités de fabrication (les premiers marteaux pilons font leur apparition dans le monde de la coutellerie à partir de 1888, les machines à émoudre dans la première moitié du 20ème siècle[4] …). S’affranchissant de l’énergie hydraulique grâce à l’électricité, s’appuyant sur des structures financières et capitalistiques en plein développement, la coutellerie va passer à un stade de concentration des entreprises susceptible de répondre à une demande toujours croissante. Concentration partielle cependant, de nombreuses petites entreprises, voire très petites entreprises, continuant d’exister.

 Les processus de fabrication mis en œuvre dans la première moitié du 20ème siècle, avec un peu de retard dans la coutellerie thiernoise par rapport aux autres secteurs industriels,  vont tout de même permettre des gains de productivité importants, sans remettre totalement en cause la parcellisation du travail. 

Boules (de haut en bas) :
Côtes en corne noire très homogène, mitres « coquilles », insert maillechort (K SABATIER-PERRIER).
Manche en plastique moulé, mitres « coquilles » en fer laitonné (Violon Gimel).
Manche en plastique avec inclusions de paillettes, mitres massives (BECHON GORCE).

On peut tenter une comparaison du prix d’un couteau à la fin du 19ème siècle et de nos jours. L’exercice est difficile et sujet à caution car les contextes économiques et sociaux ont beaucoup changé.

En 1891 un couteau rond à mitre fer et manche corne est vendu environ 6,50 F.

Le salaire d’un ouvrier est d’environ 3 à 4 F par jour. Il faut donc plus d’une journée de salaire pour acheter un couteau de qualité moyenne.

En 1940, un « grand suisse », couteau navette multi-lames est vendu 31 F. Le salaire journalier d’un manœuvre est d’environ 50 F.

En 2009, un « Pradel » de bonne facture, fabriqué en France, coûte autour de 35 euros alors que le salaire journalier médian se situe  à environ 84 euros.

Toutes ces données ne tiennent bien entendu pas compte du raccourcissement de la durée du travail quotidien et ne constituent pas une surprise, le niveau de vie et la productivité ayant beaucoup augmenté.

Crans d’arrêt à palme :
Le même fabricant (LD – G. Bourgade & Cie) mais deux qualités très différentes. Au-dessus, galalithe, au-dessous, corne, perle en verre pour l’oeil, montage à vis.

 La seconde solution pour abaisser les coûts de production est une technique éprouvée : baisser la qualité générale. Au 18ème siècle, par exemple, les jurés visiteurs se plaignent que certains couteliers emploient du fer pour fabriquer leurs ciseaux au lieu de l’acier prévu par le règlement de la profession.

 On peut gagner en prix de revient, par exemple en diminuant les épaisseurs des différentes pièces.

Le choix des métaux employés permet également de réaliser des économies substantielles. Sur un même type couteau, on peut trouver des mitres en laiton ou des mitres en fer, voire la présence des deux sur un même couteau.


Crosses :
Corne grise (RETRU Aîné) et fibre rouge ( 5 - Jérôme Buisson-Barrière).

 La recherche d’économies de réalisation peut aller jusqu’à la simplification du couteau ; par exemple la suppression de la mouche sur l’aveyronnais, seul trait véritablement distinctif par rapport à un laguiole, ou bien, mais c’est beaucoup plus difficile à voir, une mouche soudée à la place d’une mouche forgée.

Sur les « Issoires » anciens, le poinçon est cylindrique et se termine en pointe pyramidale. Sur les modèles plus économiques fabriqués par la suite, le poinçon présente deux faces plates qui lui permettent de se loger plus facilement dans le manche et de faciliter le passage de la lame pliée. Les opérations d’estampage du poinçon, de montage et d’ajustage sont ainsi simplifiées et raccourcies. 

Issoires : (de haut en bas)
Ivoire, mouche, mitres massives en laiton.
Bois de cerf, mouche, mitres massives en acier.
Os cerfé, pas de mouche, mitres massives.
Corne grise, mouche, une mitre laiton, une mitre acier.

 Les étapes de finition, longues et coûteuses peuvent également être réduites. Le polissage est en particulier une de celles-ci. Un polissage « rillassé[5] » est beaucoup plus facile à obtenir qu’un poli « glace ». Sur les articles de luxe, toutes les parties du couteau sont finement polies. Sur les couteaux bas de gamme, les pièces sont souvent laissées « brut de découpage », en particulier les intérieurs de ressort.

 Mais là où le coût va pouvoir être abaissé de manière très significative, c’est par le choix des matériaux du manche.


Matériau biologique ou matière plastique ?

Distinguer un manche en ivoire, d’un manche en os ou en matière plastique n’est pas toujours aussi facile qu’on pourrait le croire. Il est des ivoires très blancs et sans veinage. On peut avoir la même difficulté pour distinguer le bois de cerf ou l’os cerfé, du plastique. Un procédé très simple permet à coup sûr d’identifier la matière plastique. Une épingle de couturière portée au rouge dans la flamme d’un briquet va s’enfoncer sans résistance dans le manche en matière plastique, en produisant parfois un tout petit panache de fumée. En retirant rapidement l’aiguille, on étire de plus un petit fil de matière fondue. 
Violons : (de haut en bas)
Corne, insert en maillechort.
Nacrine (le manche porte encore la référence commerciale inscrite par le coutelier, Pradel Chossière – Le Bidon de cavalerie).
Plastique « marbré », mitres en laiton (185 TERRASSE – Terrasse et Paput).

Rien de tout ça pour l’os ou l’ivoire. Ce procédé ne laisse pas de trace sur le manche, pour peu que l’on  prenne bien une épingle de couturière et non une pointe de charpentier.
Sur de l’ivoire ancien, des veines, des marbrures de couleur différente allant du blanc au caramel peuvent apparaître. Attention à l’ivoire « vieilli » artificiellement par trempage, dans du thé par exemple. L’os ne présente pas ces variations de couleur. Mais il peut avoir une couleur très proche de celle de l’ivoire lorsqu’il est ancien et bien poli. Sur l’os, on peut par contre, dans certains cas, voir de minuscules petits trous qui sont les passages des capillaires qui l’irriguent. Mais, en la matière, l’expérience vaut plus que n’importe quel truc ou explication.


Aux couteaux haut de gamme l’ivoire et le cerf, aux plus communs, l’os ou la corne. Avec la encore des nuances selon les époques ou les facilités d’approvisionnement. Il y a autant de différence de qualité (et de prix) entre la corne de buffle, la corne de Madagascar et la corne peinte en rose qu’entre l’ébène, le bois de rose et le bois de hêtre teinté en noir[6].

 Une mention spéciale doit être faite pour l’os cerfé qui imite les bois de cerf. Cet os, teint, et travaillé à l’aide de fraises parvient parfois à tromper des acheteurs peu avertis.

L’absence ou la présence d’éléments décoratifs peuvent aussi marquer la différence entre le haut de gamme et le commun : guillochage du ressort, pointillage de laiton sur le manche, médaillon d’argent ou maillechort incrusté dans la matière du manche …

 
Le temps des « ersatz »

Encore n’a-t-il été question jusque là que de matériaux naturels. L’apparition des matériaux artificiels, dès la fin du 19ème siècle, va encore accélérer la diversification des gammes de couteaux.



Procédé pour donner à la corne l’apparence de l’écaille

Voici un procédé donné dans un numéro daté de 1923 de la « Bibliothèque de l’Artisan Pratique » et appliqué à un coupe-papier

Passer tout le coupe-papier à la potasse pour dégraisser la corne. Teindre d’un ton de permanganate foncé, presque noir, tout l’envers du coupe-papier. Placer le coupe papier dans un récipient rempli d’eau, de manière qu’affleure le sommet de l’envers teinté en noir ; puis avec un pinceau à jasper (pinceau ordinaire à colle, formé de poils raides) projeter des gouttes d’acide chlorhydrique pur sur l’envers du coupe-papier ; l’acide touchant d’abord l’eau court d’une façon irrégulière sur la corne, en la décolorant et en laissant sur celle-ci des traces tourbillonnantes, irrégulières, assez semblables au racinage sur cuir … et les taches sont d’autant plus claires que son application a été prolongée.

Tronçon de bois de cerf et imitation très convaincante de bois de cerf, en nylon.


 Ces matériaux artificiels tentent, avec plus ou moins de bonheur, d’imiter des matériaux d’origine biologique : fausse écaille, manche nacré (ou nacrine), ivoirine …

Premiers représentants de la chimie des plastiques, ils ont pour nom celluloïd, galalithe (à partir de la caséine du lait), Bakélite, Rhodoïd, et présentent, pour certains, l’inconvénient de fondre très facilement et de se salir rapidement. Un coup de « frotte » un peu trop appuyé et la chaleur de la friction sur le coton creuse une dépression sur le manche.

Apparus dès la fin du 19ème siècle, ils ont cependant permis de satisfaire une demande croissante de couteaux à faible prix de revient et de belle apparence.

Charretiers (de haut en bas) :
Côtes en corne grise, mitres massives, insert maillechort (119 VM – Vernassière-Muzard)
Le même en os cerfé.
Manche très bas de gamme, plastique « marbré », mitres « coquilles ».

Le bois de cerf, entre autres, donnera lieu à de très nombreuses tentatives d’imitation à partir de matières plastiques, tentatives très diversement réussies, mais pour certaines tout à fait trompeuses.

 On peut s’attarder un instant sur un autre matériau qui fut très utilisé pour la réalisation de manches : la fibre rouge. Ce matériau appelé également fibre vulcanisée, est issu de la transformation de la cellulose. Dur, insensible à la corrosion, imputrescible, résistant bien à la chaleur, il est tout à fait adapté à la réalisation de manches … et de joints d’étanchéité pour la plomberie. Les couteaux suisses et de nombreuses fabrications thiernoises ont mis en œuvre cette matière artificielle à la couleur brun-rouge très reconnaissable.

 Coquilles, « cacoles » et faux-semblants

Une autre technique largement utilisée est de passer du massif à la coquille[7] estampée. Cette solution est mise en œuvre pour les mitres sur les versions économiques de certains couteaux. La coquille n’est cependant pas toujours signe de bas de gamme. Les mitres en métal précieux des couteaux du 18ème siècle sont toujours de minces feuilles matricées collées à l’étain sur les platines ou recouvrant le manche du couteau.

Le Pradel dans tous ses états, de la gauche vers la droite :
Belle corne jaspée.
Imitation de corne jaspée en plastique.
Os cerfé.
Fibre rouge.
Nacrine.
Tôle emboutie à décor quadrillé et baguette en relief.
Manche en aluminium avec imitations de rosettes, clous  et mitres.

Mais là où la méthode atteint son apogée, c’est dans la fabrication de manches creux en tôle estampée. Cette méthode va permettre de créer des côtes creuses se parant de la texture de matériaux naturels (boursouflures des bois de cerf), reproduisant les effets d’une finition à la lime (stries, quadrillage, filets décoratifs), ou simulant la présence d’éléments décoratifs (rosettes ouvragées, médaillon dans la côte)

Gros inconvénient de la coquille, celle de l’œuf comme celle du manche : sa fragilité. Que de côtes « cacoles » déformées, enfoncées, écrasées par le rivetage trop vigoureux des clous de montage ou une utilisation un peu brutale du couteau. Cette fragilité dépend bien entendu de l’épaisseur de la coquille. Pour certaines, on n’a pas lésiné sur l’épaisseur du métal employé, ce qui confère d’une part une bonne résistance mais aussi un poids qui équilibre le couteau et donne une meilleure sensation lorsque le couteau est tenu en main, car celui-ci ne doit pas être trop lourd, certes, mais pas trop léger, pour ne pas être traité de « camelote ».

 L’aluminium, également, sera utilisé pour réaliser des côtes pleines, légères mais rigides. Ce matériau autorise lui aussi des décors obtenus par matriçage et des côtes utilisables directement en sortie d’estampage et d’ébavurage, sans retouche, contrairement aux matériaux organiques qui nécessitent de l’ajustage et de la finition.

 Les bois tendres eux-mêmes ont été utilisés pour réaliser des manches pressés. Le bois était teint, chauffé et mis sous presse dans des moules, comme la corne. On obtenait ainsi des motifs en creux représentant des filets, des mitres …

Couteau à 2 clous, de forme « goût arrière ». Manche en bois teint et pressé à chaud. Mitres « coquilles » en laiton (SAUVAGNAT 66 ).

 Version économique et qualité

L’utilisation de matériaux moins onéreux, la simplification des processus de fabrication, entraînent-elles une baisse de qualité générale du couteau ? L’efficacité d’un couteau se juge essentiellement à sa qualité de coupe. Force est de constater que certaines fabrications apparemment plus économiques présentent des caractéristiques fonctionnelles et de coupe de très bonne qualité. Sans compter les procédés industriels innovants qui vont faciliter la fabrication tout en conservant, voire même améliorant, la qualité fonctionnelle du couteau. Le « Douk-Douk » est incontestablement un exemple de cette simplification technique mise au service de la qualité fonctionnelle. Son manche en tôle pliée, associé à une lame à la coupe irréprochable lui assurent une résistance à toute épreuve et une qualité reconnue par des générations d’utilisateurs. 

Jambettes (Saint-Amans).
Belle fabrication en corne teintée, platines rabattues en laiton, incrustation de fils torsadés en laiton (73 Thérias).
Version rustique à platines rabattues en laiton, marquage grossier, lettre par lettre (ARMAND D.).
Version simplifiée sans platine rabattue.
Manche en tôle emboutie à décor strié.

Au milieu du 20ème siècle ont ainsi été fabriqués d’énormes quantités de couteaux bon marché, en particulier avec des manches « coquilles » en tôle matricée, très robustes et présentant une excellente qualité de coupe. Les entreprises Bechon-Gorce, Cognet, France-Exportation, entre autres, ont été  de gros producteurs de ce type de couteaux, mais la plupart des couteliers du milieu du 20ème siècle ont mis en œuvre ces techniques de fabrication pour diversifier leur offre commerciale et proposer des produits à faible prix de revient.

 

Couteau « à la Berge » ou à tête de compas.
On connaît bien les luxueux modèles du 18ème siècle à lame en argent et acier, à rosettes ouvragées en or. Cette version « rustique » est, quant à elle, beaucoup plus rare mais présente le même dispositif qui replie la lame déjà ouverte lorsqu’on ouvre la seconde.

Mais que l’on voyage en première classe ou en classe économique, l’essentiel est d’arriver à destination et pour le collectionneur seules comptent la quête et la trouvaille, version luxe et version économique réunies, constituant, pourquoi pas, un thème de collection.

 
Michel Fervel


[1] Une étude effectuée sur le bassin coutelier thiernois en 1861 relève 13 500 ouvriers travaillant pour 700 fabriques et produisant annuellement 32 000 000 de pièces de toute nature

[2] Camille Pagé, la coutellerie des origines à nos jours, tome II, page 271 et 281

[3] (et abrutissant – Charlie Chaplin – « Les temps modernes » - 1936 )

[4] Thiers une exception industrielle, Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, Anne Henry, 2004

[5] Polissage donnant au métal un aspect satiné

[6] « L’ébène d’Arconsat »  selon une expression malicieuse des couteliers thiernois – ( Arconsat est un village coutelier de la Montagne Thiernoise.)

[7] « cacolà» en auvergnat.